Présentation

A l'origine

Jean-Pierre Schwenck était médecin généraliste exerçant en Alsace entre 1976 et 2016.

Dès l'âge de 4 ans, il souffre d'asthme, qui ne sera pas soigné correctement, faute de moyens financiers. Dès 15-16 ans il sera traité par des corticoïdes et la théophylline. Malgré son handicap, l'admiration pour son frère aîné sportif, le poussera à pratiquer la lutte. Mais lors de son premier combat, il subit une luxation de la rotule du genou gauche. Après une immobilisation plâtrée d'une demi-année, il mettra des mois à récupérer l'usage de sa jambe... pour récidiver quelques semaines plus tard, simplement en descendant les escaliers ! Jusqu'à l'âge de 42 ans, il totalisera 18 luxations de la rotule !!

Une fois médecin, il les traitera par le mépris, une luxation se remettant spontanément en place, une fois l'hématome résorbé. Mais la plus belle histoire médicale survient en 1988, lorsqu'en soignant une patiente, il se retrouve brutalement paralysé du côté droit : il ne peut plus bouger le bras, il traîne la jambe et surtout il est aphasique : bien qu'il soit parfaitement conscient, il ne parvient plus à formuler ses idées.

S'il met une heure à récupérer l'usage du bras et de la jambe, il met 48 heures à retrouver correctement l'usage de la parole. Tout médecin qu'il est, il s'affole... et consulte les maîtres de la médecine, - ses maîtres -, pour connaître les causes de cet accident. Las! Les examens ne révèlent aucune anomalie, il n'aura pas d'explications. Ce constat laisse Jean-Pierre perplexe : ces innombrables migraines, cette subite aphasie ne sont pas le fruit du hasard, il doit y avoir une cause ! Il lui faut élucider ce mystère. Il s'y emploiera de toute son énergie.

De toute manière, il s'était déjà intéressé à une autre approche de la médecine, car il avait décelé certaines incohérences, notamment dans la compréhension de la genèse de l'arthrose. Aussi, l'année précédent son accident, s'était-il rendu à Paris, pour suivre des cours de vertébrothérapie, qui lui avaient permis d'entrevoir l'importance du système neurovégétatif. Ce sujet était certes traité au début des études de médecine, mais relégué aux oubliettes dans la suite du cursus. Parallèlement il visait le diplôme de médecine sportive et suivait également des cours dans ce but : il y apprit à reconsidérer le fonctionnement des muscles. Après les cours, il poursuivit l'étude de ces deux sujets avec acharnement.

Lorsque survint son aphasie en 1988, il les avait si bien approfondis, qu'il affirme : "Elle est arrivée au bon moment !". D'une part, elle le stimulait dans ses recherches, d'autre part, il avait à disposition des moyens supplémentaires pour mener ses investigations à terme. Il lui tenait à cœur de déceler la cause de certains dysfonctionnements. Le déclic se produisit au lendemain d'une épouvantable migraine, alors que son regard effleurait les talons des chaussures qu'il avait portées la veille : ils étaient relativement hauts. Il mesura soudain la répercussion inévitable des talons sur la statique, et développa peu à peu sa théorie.

Il appliqua ses principes à lui-même et en un an et demi il fut délivré de ses migraines. Au début, il sentait qu'il risquait des ennuis, s'il persistait à faire des mouvements incohérents au regard de sa théorie. Actuellement, il a récupéré suffisamment de "souplesse" pour se permettre des mouvements ou des attitudes nuisibles, sans pour autant déclencher une crise... Son asthme a disparu et comme il le dit lui-même : "Je voudrais me luxer la rotule, que je ne le pourrais plus."

La Théorie

Le docteur Schwenck se passionnait depuis plus de vingt ans pour la posture et la gestuelle humaines, et il fait les constats suivants :

Notre corps fonctionne à cent pour cent de manière automatique. Ex : les battements cardiaques sont autonomes, la respiration et la digestion sont assurés sans notre volonté, la tension artérielle change en permanence sans que nous y soyons pour quoi que ce soit, la salive est sécrétée malgré nous, etc.

Toute l'organisation du corps est régie par des automatismes avec lesquels nous venons au monde.

De plus, tout tient ensemble neuro-anatomiquement. Les muscles s'imbriquent au même titre que les nerfs qui véhiculent les ordres d'adaptation entre nos organes et nos muscles.

Chaque organe est vital et nécessaire au bon fonctionnement des autres organes et des muscles. Et chaque contraction musculaire conditionne la fonction des organes et a des répercussions sur eux.

A titre d'exemple : montez un escalier ! Vous sentirez progressivement votre rythme cardiaque et votre fréquence respiratoire s'accélérer, alors que la seule chose que vous ayez faite, est de monter des marches ; c'est à dire de solliciter vos muscles.

Le corps est un tout et il y a interaction permanente entre les différentes "composantes".

A travers l'exemple ci-dessus, il apparaît clairement que la seule chose que nous décidions dans le fonctionnement de notre corps c'est de bouger, autrement dit de contracter un ou plusieurs muscles.

L'estomac, le foie, le pancréas ne sont que des outils indispensables, pour fabriquer l'énergie nécessaire, entre autres, à la contraction musculaire. Le cœur et les artères en assurent la distribution et les veines, les intestins, les reins, la vessie et les poumons éliminent les déchets produits par sa fabrication et sa combustion.

En un mot, nos organes internes vitaux, aussi nobles soient-ils, assurent simplement l'intendance, pour qu'une seule chose puisse fonctionner à notre gré : la contraction musculaire. Il apparaît ainsi que nos organes internes sont au service du muscle et que le muscle est l'unique effecteur dont le fonctionnement soit volontaire.

Il est aussi le seul qui soit accessible facilement et directement, en ce sens que si l'on veut toucher au cœur, aux poumons, à l'estomac, etc., on est obligé de recouvrir à une manœuvre complexe - opération ou endoscopie - tandis qu'il y a des muscles partout, juste sous la peau, dont chacun de nous peut modules le fonctionnement.

Cette "liberté" a malheureusement des répercussions que nous ne soupçonnons pas, car toute l'organisation de fonctionnement du corps doit tenir compte des mécanismes d'adaptation automatique induits par la modification volontaire de nos tensions musculaires.

Cette adaptation est juste, si aucune contrainte extérieure au corps ne vient modifier la tension des muscles. Et dans ce cas nous sommes à l'abri des ennuis de santé. Elle devient fausse ou pathologique si on impose par un artifice externe au corps une modification des tensions musculaires.

A titre d'exemple, regardons un enfant de seize mois, tout nu, se baisser pour ramasser son jouet. Le bambin va plier les genoux en gardant les pieds rigoureusement à plat sur le sol. Son buste va se pencher automatiquement en avant à cause de la flexion des genoux. Ce mouvement est juste, car automatique et spontané.

Si vous demandez à un adulte de votre entourage de se baisser ainsi, il va rester "coincé" à mi-chemin. Et vous en conclurez un peu hâtivement qu'avec l'âge on perd sa souplesse ! Pourtant cette aptitude à s'asseoir sur ses talons est maintenue chez certains peuples. En fait c'est parce que nous avons imposé à nos muscles des tensions musculaires fausses, - par des contraintes extérieures dont le port de bretelles, de chaussures à talons etc. - que nous avons perturbé cette faculté d'adaptation automatique et spontanée.

Ce constat met en évidence notre part de responsabilité dans la maladie. Chaque fois que nous ne respectons pas les automatismes de fonctionnement de l'organisme, chaque fois que nous imposons à nos muscles des contraintes, contraires aux programmes inscrits dans notre moelle épinière, nous nous "massacrons"... bien malgré nous, par ignorance !

La Méthode

Récemment, le Dr Schwenck résumait sa théorie par une formule lapidaire : "Bien se tenir pour se sentir bien". Découvrir les postures "justes", c'est découvrir les possibilités fantastiques que possède le corps humain de se débarrasser lui-même, et le plus souvent sans médicaments, des différentes maladies qui peuvent l'affecter.

Voici un exemple-type de mauvaise posture de l'homme moderne. Nous citons le Dr Schwenck :

"Notre super civilisation, capable d'envoyer les gens sur la lune ou des sondes sur Mars, ne voit pas qu'elle n'a pas les pieds sur terre.

Regardez-vous. Plus précisément observez ce que vous portez aux pieds : soit des chaussures, soit des pantoufles, soit des bottes soit des tennis. Vous êtes, bien sûr, persuadé que vous marchez sur vos pieds. Hélas NON ! Vous marchez sur des appuis fantaisistes imposés par vos chaussures, vos bottes, vos tennis ou vos pantoufles...

Et votre pied, qui est une merveille architecturale et musculaire, ne peut plus remplir sa fonction. Les orteils confinés dans l'étroitesse de la chaussure ne peuvent se fléchir. A cause de la voûte de la semelle, le pied ne peut pas basculer de l'extérieur vers l'intérieur, comme il le fait quand il est nu.

Enfin vous allez devoir, sans vous en rendre compte, contrebalancer en permanence, par des contractions musculaire inutiles, le déséquilibre antérieur imposé par le talon de la chaussure. Ainsi chaussé et "posturé" vous êtes obligé d'imposer aux genoux le rôle que les pieds ne peuvent plus assumer : vous pliez les genoux pour marcher. Résultat, c'est la colonne qui s'infléchit. En clair, vous vous pliez aux exigences de vos chaussures !

Le corollaire de ce désastre podal et postural est que vous allez vous servir de vos pieds comme de deux bouts de bois pratiquement inertes que vous posez sur le sol, alors qu'ils sont conçus pour assurer la propulsion, comme lorsque vous courez, grâce aux nombreux muscles qui se trouvent dans le pied et la jambe.

Cette aberration entraînera d'inéluctables conséquences, aussi douloureuses que coûteuses."